ÉTUDES SUPÉRIEURES ZOOLOGIE ET AGRICULTURE : Deux jeunes Mauriciens à l’honneur

Drona Bissoonauthsing étudiant en Zoologie reçoit le prix du meilleur étudiant international de l’Université de Swansea alors que Manita Kistoo décroche une bourse pour des études en agriculture à La Trobe University

ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN | 21 AOÛT, 2015 – 23:00

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Ayant choisi de faire carrière dans une filière peu exploitée à Maurice, deux Mauriciens, Drona Bissoonauthsing et Manita Kistoo, se sont distingués sur le plan international. Drona Bissoonauthsing, qui vient de terminer sa licence en Zoologie à l’Université de Swansea en Angleterre, a obtenu le John Hayward prize in Biological Sciences, qui récompense le meilleur étudiant international dans la filière de « Biological Sciences ». Manita Kistoo, pour sa part, qui vient de terminer son HSC, pourra poursuivre la carrière de son choix grâce à la bourse de la Trobe University. « C’est un honneur de briller dans ces domaines où beaucoup de jeunes pensent qu’il n’y a pas d’avenir », soutiennent ces deux jeunes que Le Mauricien a rencontrés à l’OVEC.

Sa licence de Zoologie en poche, Drona Bissoonauthsing est rentré au pays depuis quelque temps déjà. S’il n’a toujours pas pris de décision par rapport à la possibilité de continuer ses études, une chose est sûre, le jeune homme souhaite embrasser son rêve d’enfance, celui de devenir vétérinaire. Il a toujours été un passionné du monde animal, et en grandissant a décidé de convertir cette passion en un métier qui pourrait en même temps lui permettre de faire des recherches sur ces êtres qu’il aime tant. Cependant le parcours académique de Drona sera quelque peu différent des autres jeunes de son âge. Il effectue sa scolarité secondaire au collège MGI où il choisit les sciences pures pour le HSC. En Lower 6, il devra toutefois quitter l’école pour suivre sa famille en Zambie là où son père est en poste dans le département de la diplomatie du COMESA. Il poursuit sa scolarité à Lusaka et un an après il est de retour au pays. Mais notre système d’éducation exige qu’il refasse sa Lower 6 et là encore le jeune homme devra tout quitter pour rejoindre la famille qui retourne en poste à Lusaka, Zambie. Au bout de sa scolarité, Drona, bien qu’étant un élève brillant, n’arrive pas à terminer son HSC en raison de ses déplacements. Déterminé à poursuivre ses ambitions, il postule quand même pour une place à l’université. La majorité des institutions d’études supérieures exigent toutefois qu’il ait terminé le HSC pour être admis. C’est là qu’il rencontre la directrice de l’OVEC, le Dr Dorish Chitson, qui le guide dans ses démarches. Il postule pour l’Université de Swansea qui est la seule à offrir des cours en Zoologie. Son passage à cette Université et dans la filière Zoologie sera facilité par une très bonne préparation en amont à travers Navitas/ICWS, collège associé à l’Université de Swansea et où le Dr Chitson a été son accompagnatrice et facilitatrice. Le soutien de l’OVEC a été encore plus valable dans le sens où Drona avait entamé un parcours non-conventionnel à travers le programme passerelle de Navitas pendant un an avant de se joindre au cours de licence. Trois ans plus tard, il obtient son diplôme avec fierté et décroche le prix du meilleur étudiant international, une première bien que cette institution accueille chaque année plusieurs étudiants mauriciens. Ce prix est assorti d’une récompense en termes d’argent. « C’est un bel exemple pour démontrer qu’il n’est pas nécessaire d’avoir suivi un parcours scolaire conventionnel pour réussir. Mon passage à Navitas a été une riche expérience et mes résultats en sont la preuve », soutient Drona Bissoonauthsing. Le jeune homme a une pensée spéciale pour l’opportunité qu’offre l’OVEC à ceux qui ont des difficultés à entrer directement dans la première année universitaire et ce à travers Navitas. Drona compte déjà mettre ses compétences au service des industries probantes à Maurice tout en considérant dans l’avenir de se spécialiser comme il se doit, soit dans la filière où il aurait été embauché, soit dans les sciences vétérinaires.

Accompagnement aux agriculteurs en difficulté

Fille de planteurs, Manita Kistoo pour sa part est une jeune qui veut se démarquer. Alors que sa sœur aînée poursuit des études en communication à Maurice, cette ancienne élève de l’Ébène SSS veut, elle, emboîter les pas de ses parents tout en apportant à l’entreprise familiale une touche de modernité. Ainsi depuis qu’elle est en quatrième, elle accompagne durant les vacances scolaires ses parents au marché de St-Pierre pour la vente des légumes. Certains jours, elle se rend en compagnie de son père tôt le matin dans les plantations pour l’aider. « C’est un domaine où il y a beaucoup de difficultés, j’ai vu comment mes parents travaillent dur alors que la récolte n’est pas toujours bonne. Je veux aider mon père ainsi que les autres planteurs en leur offrant un accompagnement plus technique », dit-elle. L’agriculture n’étant pas proposée comme matière au secondaire, Manita Kistoo opte pour la filière Arts. Après le HSC, elle postule pour une place à la faculté d’agriculture à l’Université de Maurice car ses parents n’ont pas les moyens de l’envoyer étudier à l’étranger. Cependant elle se voit refuser une place car l’institution exige la combinaison des sciences pures comme matière pour être admis dans la faculté. Déçue, la jeune fille songe à un moment à faire comme sa sœur et à poursuivre des études en communication à Maurice. Mais la directrice de l’OVEC l’encourage à postuler pour une bourse et poursuivre la carrière de son choix. Le Dr Chitson se charge de son dossier et il y a une dizaine de jours, la jeune fille décroche une bourse de la Trobe University. C’est en février qu’elle mettra le cap pour l’Australie pour ses cours. Entre-temps, la jeune fille qui sera la première à poursuivre des études à l’étranger dans toute la famille continue à aider ses parents dans les plantations et au marché. La jeune fille dit avoir encore plus d’espoir car Maurice a récemment signé le Comprehensive Africa Agricultural Development Program avec le COMESA. Cela situerait le processus émergeant d’engagement ferme des gouvernements africains quant au minimum d’investissement dans la filière agricole de chaque pays. Cela pourrait se manifester en termes d’appel à la masse estudiantine de s’orienter vers des formations professionnelles dans ces filières. La directrice de l’OVEC pour sa part se dit fière des jeunes qui font des efforts. « C’est un bon exemple pour les jeunes mauriciens, beaucoup aspirent à des white collar jobs et dénigrent le travail des ouvriers. Notre pays n’a pas beaucoup de ressources et ce sont là des métiers d’avenir », dit-elle.